giovedì 1 novembre 2007

UNA STORIA CHE NESSUNO VOLEVA (secondo racconto) di Christian Bobin


Christian Bobin, Une histoire dont personne ne voulait, nel suo vol. Une petite robe de fête, "Collection Folio" Gallimard, Paris 1991, pp. 13-21. (Nel 2008, una giovane casa editrice di Padova Camelopardus ha pubblicato il volume Une petite robe de fête: Mille candele danzanti)
Traduzione di Maddalena Cavalleri con la collaborazione di Lorenzo Gobbi.
Le manuscrit est défraîchi. Il y a une date à la dernière page. Cinq ans. Il a été écrit il y a cinq ans. Il vous arrive par la poste. Vous le laissez sur un coin de table, vous n’y pensez plus. Arrive le samedi. Le samedi est un jour où vous êtes très occupé: vous faites le chauffeur de maître pour une poignée d’enfants. On veut aller ici, on veut que tu nous emmènes à la fête, on veut ceci, on veut cela, on veut tout. Vous obéissez avec ravissement, faisant le désespoir des parents qui mettent des heures à contredire cet air d’insouciance que vous amenez avec vous. La vie passe si vite, les jours s’éteignent si tôt. Pourquoi s’inquiéter de demain, aujourd’hui répondra bien à tout. L’insouciance est en vous invincible, comme une forme souriante de la croyance en dieu. Vous n’apprenez rien aux enfants. Vous êtes plutôt à leur école. On vous dit parfois tu exagères, il ne faut pas tout laisser faire, tu devrais être plus adulte. Vous écoutez la leçon de choses en silence, ensuite vous regardez autour de vous, longtemps: pas trace d’un seul adulte. Des enfants maussades, oui, beaucoup. Des enfants tristes qui travaillent, gagnent de l’argent, dépensent leur temps, leur force. Mais des adultes, aucun, aucune trace. Ce samedi-là, les enfants se passent de vous, n’appellent pas. Vous restez chez vous, désœuvré, tranquille. La compagnie de la solitude vous est aussi douce que celle des enfants. Lire, sommeiller, marcher, ne penser à rien, laisser les lumières du ciel pâlir sur la tapisserie des murs. Et par distraction ouvrir le manuscrit à la première page, commencer à lire. Quand vous relevez la tête, l’après-midi est passé, il n’y a plus de jour et ce n’est pas encore la nuit, il n’y a plus qu’une longue étendue de calme – comme une lente montée des eaux du calme, une inondation incessante et lumineuse. Votre pensée est dans ce calme comme à son comble, un comble de fraîcheur et de légèreté: elle ne s’impatiente plus. Elle ne se trouble plus. Elle se repose tout simplement et se mélange à ce qui est, sans plus chercher. Comment nommer cette légèreté. Le mot de bonheur n’irait pas, ni aucun mot pouvant amener son contraire. Le bonheur va avec le malheur, la joie avec la peine. Ce qui vous arrive ne va avec rien, ou bien avec tout. Il faudrait pour bien le dire recopier le manuscrit dans son entier, mot par mot. L’auteur est une femme d’origine étrangère. Ce n’est pas elle qui vous envoie ce texte mais son ami, son ami de maintenant. Il ne vous demande rien, simplement ce que vous en pensez. Un manuscrit c’est comme un visage, une minute suffit pour voir, deux, trois pages et vous savez. Le récit commence par un abandon, comme dans les contes de fées: celui que cette femme aime, le prince élu de son sang, le roi de cœur, la quitte. Il la mène dans la plus noire forêt de l’abandon, puis il s’en va. Elle reste là, assise au pied d’un arbre. Elle attend. Elle attend, elle attend. Un matin elle se lève, sort de la forêt, entre dans sa cuisine, ferme la fenêtre, ouvre le gaz. Une jeune femme qui tombe sur le carrelage et son âme qui tombe à ses côtés, son âme lourde, plus lourde qu’un oiseau mort, la blanche colombe gazée, étouffée sous le poids de son propre sang. La jeune femme se réveille à l’hôpital. Elle s’appuie sur ses oreillers, regarde autour d’elle, regarde en elle: plus d’âme. Le corps est bien là, en état de marche. Les mains peuvent prendre, les lèvres peuvent dire, les yeux peuvent pleurer. Tout est là, sauf l’ âme. Son ami a dû l’emporter dans ses bagages sans y prendre garde. Comment peut-on être si distrait. Elle quitte l’hôpital, revient à la vie courante. Et toujours pas d’âme. Cela ne se voit pas, cela ne s’entend pas, cela n’empêche rien. On peut fort bien vivre sans âme, il n’y a pas de quoi en faire une histoire, cela arrive très souvent. Le seul problème, c’est que les choses ne viennent plus vers vous, quand vous les appelez par leur nom. Vous pouvez être absente de votre vie et tromper tout le monde sur cette absence – tout le monde sauf les bêtes, sauf les arbres, sauf les choses. Tout le monde sauf la blonde lumière d’automne, cette lumière qui pèse de toute sa douceur sur l’écorce des bouleaux et la chair des rosiers. Comment rejoindre ce qui se dérobe. Comment toucher à la vie immédiate, comment retourner à la vie simple. Oui, comment. L’amour est passé sur vous comme les rouges incendies sur les forêts de Provence. Il faudra des années avant que l’herbe repousse, avant qu’un nouvel amour revienne peupler les lieux du désastre – et les lieux du désastre c’est vous tout entière, de la robe de coton aux pensées interdites, de votre goût du thé à votre mélancolie du printemps. Vous tout entière. Comment faire. D’abord commencer par le plus urgent: vous ne pouvez continuer à sortir ainsi, sans aucune âme à vous mettre, sans aucun rire au fond des yeux. Vos yeux, justement. Parlons-en. Ils ne sont plus bons qu’à pleurer, et quand ils ne pleurent pas, ils lisent, et un jour ils lisent une page de Rilke, puis une autre, puis une autre encore, et ce sont tous les oiseaux de l’âme qui reviennent vers vous quand vous ouvrez la volière d’encre. Votre suicide était réussi, comme tous les suicides ratés. Vous aviez perdu bien plus que la vie: la parole, le goût de la parole claire, l’amour de la parole vraie. Vous étiez devant la parole comme un enfant malade devant la nourriture. Rilke vous redonne à manger, un poème après l’autre, une image après l’autre. Avec la parole nue revient toute vérité. Avec la vérité revient toute l’âme. Celle à qui arrive cette histoire désire ensuite la raconter – pour remercier. Elle écrit donc une longue lettre à Rilke, une lettre qui commence dans la petite cuisine sombre et qui finit dans le fond du jardin sous la lumière des tilleuls. Histoire d’une lente rééducation, histoire d’une longue migration des oiseaux morts. Elle a l’habitude d’écrire. Quelques années auparavant elle a écrit des livres qui ont connu la faveur des éditeurs, et celle des lecteurs. Elle se cachait bien plus derrière ces livres mais l’histoire était la même, celle d’une résurrection. D’une mort puis d’une résurrection. Elle écrit comme on doit écrire: sans se soucier de l’écriture mais en prenant le plus grand soin de ce qui ne viendra jamais sur la page blanche, de ce que le moindre mot effaroucherait – la vie, la vie, toute nue, la vie sans phrase, la vie comme deux petits enfants, la joie et la douleur, serrés l’un contre l’autre dans le même lit. Les dictionnaires disent que Rilke est un des plus grands poètes de langue allemande. Elle n’écrit pas selon les dictionnaires. Elle ne s’adresse pas au mort mais au vivant, à celui qui chemine d’un pas hésitant dans les rues des grandes villes. Son nom n’est pas encore couché dans les dictionnaires. Son cœur n’est pas encore gelé par la gloire. C’est un passant comme les autres, dans l’incertitude et le tremblé de sa vie. Le jour il dort, de ce sommeil commun des travaux obligés. La nuit il veille, de cette veille singulière auprès des anges. Écrivant, il ne cherche pas la consolation mais la vérité – qui est le contraire de la consolation. C’est à celui-là qu’elle parle. Qu’est-ce que ça veut dire «grand poète». Cela ne veut rien dire, absolument rien. L’unique grandeur de celui qui se cache pour écrire lui vient de sa parfaite soumission à la vie brute. Celui qui, des nuits entières, cherche le mot juste, ne fait que développer en lui cette attention dont usent les amants l’un avec l’autre, les mères avec leurs enfants. L’art, le génie de l’art n’est qu’un reste de la vie amoureuse qui est la seule vie. Grand, poète, littérature, cela ne veut rien dire, et elle écrit à Rilke comme on pourrait donner de ses nouvelles à un ami d’enfance resté au pays – l’amant de toutes vies, l’idiot de tous villages. Elle lui parle du gaz dans la petite cuisine, de la lumière des saisons, de la bonté des grands arbres et de ce qu’elle croit être l’amour- de ce qu’elle en invente en le croyant. Son manuscrit achevé, elle l’envoie aux éditeurs et les éditeurs lui disent: on n’en veut pas de votre histoire, on ne sait pas comment la prendre, où la ranger. Et puis vous parlez de qui, au juste, de Rilke ou de vous. Choisissez, c’est agaçant de vous voir ainsi danser d’un pied sur l’autre, d’un mot au suivant. Elle essaie encore. Deux fois, trois fois la même réponse. Elle renonce. Elle est presque guérie. Presque: dans sa douleur elle a trouvé le chant. La souffrance est passée dans l’offrande du livre, mais cette offrande personne n’en veut. Des années passent, cinq. Elle n’y pense plus, elle y pense encore. Par des voies étranges, par d’autres mains que les siennes, ce texte vous parvient, un clair samedi d’automne. Cette lecture d’un samedi imprègne les jours suivants. Vous écrivez à l’auteur, qui vous répond. Les lettres connaissent le même sort que le manuscrit: une seule lecture suffit à les rendre inoubliables. Toujours la même voix calme. Toujours cette absence de mensonge. Pas une seule fois elle n’emprunte la parole générale, cette parole d’aucun corps, d’aucune terre, qui sert pour les idées, qui sert pour le mensonge. En ne parlant que d’elle-même dans le détail de ses heures elle vous donne à voir le monde bien plus clairement que ce qu’en disent les journalistes avec l’impatience de leur voix, la maladie de leur intelligence. Ce qui vous touche dans cette écriture, c’est ce qui vous touche dans la compagnie des enfants: une présence vraie de tout, une manière d’être au monde qui rend le monde léger. Un jour elle vous écrit que son livre enfin est accepté: il sera publié au plus loin d’elle, en Allemagne, dans une langue qu’elle a toujours crainte, dans une terre qui n’est pas celle de l’enfance. Un autre jour, en passant la main sur une nappe de coton pour la défroisser, une image vous vient d’elle, lumineuse, évidente. Comme si elle était toute dans ce geste élémentaire: déplier. Effacer tous les plis et revenir au plus ample, au continu, à l’ample et continuelle douceur de vivre. Vous restez ainsi longtemps, immobile, silencieux, la main à plat sur la nappe, tenant entre les doigts et le coton ce bien le plus précieux: une âme brûlée jusqu’à la transparence, une histoire dont personne ne voulait.
Il manoscritto è sciupato. C’è una data nell’ultima pagina. Cinque anni. È stato scritto cinque anni fa. Vi arriva per posta. Lo lasciate in disparte, sul tavolo, non ci pensate più. Arriva il sabato. Il sabato è un giorno in cui siete molto occupato: fate da autista a un gruppetto di bambini. Vogliamo andare qui, vogliamo che ci porti alla festa, vogliamo questo, vogliamo quello, vogliamo tutto. Obbedite con grande gioia, facendo disperare i genitori che impiegano ore a contraddire quell’aria spensierata che portate con voi. La vita scorre così veloce, i giorni si dileguano così presto. Perché preoccuparsi del domani, l’oggi risponderà bene a tutto. Non aver pensieri è più forte di voi: una forma sorridente della fede in dio. Non insegnate nulla ai bambini. Piuttosto, siete voi alla loro scuola. A volte vi dicono tu esageri, non si deve lasciar fare tutto, dovresti essere più adulto. Ascoltate la lezione in silenzio, poi vi guardate attorno, a lungo: non una sola traccia di adulti. Bambini imbronciati, sì, molti. Bambini tristi che lavorano, guadagnano, consumano tempo, forza. Ma adulti, nessuno, nessuna traccia. Quel sabato, i bambini fanno a meno di voi, non chiamano. Rimanete a casa, inoperoso, tranquillo. La compagnia della solitudine è dolce come quella dei bambini. Leggere, sonnecchiare, camminare, non pensare a nulla, lasciare le luci del cielo impallidire sulla tappezzeria dei muri. Distrattamente, aprire il manoscritto alla prima pagina, cominciare a leggere. Quando levate il capo, il pomeriggio è trascorso, non è più giorno e non è ancora notte, resta solo una grande distesa di calma: un lento riaffiorare delle acque dalla calma, un’inondazione continua e luminosa. I pensieri dimorano in questa calma, al proprio culmine, un culmine di freschezza e leggerezza: non conoscono più l’impazienza. Non si turbano più. Riposano semplicemente e si mescolano a ciò che esiste, senza più cercare. Come chiamare questa leggerezza. La parola felicità non andrebbe bene: nessuna parola che porti in sé il suo contrario. La felicità va con l’infelicità, la gioia con il dispiacere. Ciò che vi accade, non va con nulla, oppure con tutto. Per esprimerlo bene, bisognerebbe ricopiare il manoscritto per intero: parola per parola. L’autrice è una donna di origine straniera. Non è lei a inviarvi il testo, ma il suo amico, l’amico di adesso. Non vi chiede nulla, solo cosa ne pensate. Un manoscritto è come un volto, un minuto basta per vedere, due, tre pagine e già sapete. Il racconto inizia con un abbandono, come nei racconti di fate: colui che questa donna ama, il principe prescelto dal sangue, il re di cuori, la lascia. La conduce nella più nera foresta dell’abbandono, poi se ne va. Lei resta là, seduta ai piedi di un albero. Attende. Attende, attende. Un mattino si alza, esce dalla foresta, entra in cucina, chiude la finestra, apre il gas. Una giovane donna che cade a terra e la sua anima che cade al suo fianco, l’anima pesante, più pesante di un uccello morto: la bianca colomba asfissiata dal gas, soffocata dal peso del suo stesso sangue. La giovane donna si risveglia all’ospedale. Si appoggia ai guanciali, guarda attorno a sé, guarda dentro di sé: niente più anima. Il corpo è là, funzionante. Le mani possono prendere, le labbra possono dire, gli occhi possono piangere. Tutto è là, eccetto l’anima. Il suo amico la deve aver portata via con sé in valigia senza badarci. Come si può essere così distratti. Lei lascia l’ospedale, torna alla vita di tutti i giorni. E sempre, niente anima. Ciò non si vede, non si sente, non impedisce nulla. Si può vivere benissimo senz’anima, non c’è di che farne una storia, accade spessissimo. Il solo problema è che le cose non vengono più verso di voi, quando le chiamate per nome. Potete essere assente dalla vostra vita e ingannare tutti eccetto gli animali, gli alberi, le cose. Tutti, eccetto la chiara luce d’autunno, questa luce che pesa con tutta la sua dolcezza sulla corteccia delle betulle e la carne dei rosai. Come raggiungere ciò che svanisce. Come toccare la vita immediata, come tornare alla vita semplice. Sì, come. L’amore è passato sopra di voi come i rossi incendi sulle foreste di Provenza. Ci vorranno anni prima che l’erba ricresca, prima che un nuovo amore ritorni a popolare i luoghi della sciagura – e i luoghi della sciagura siete voi, interamente voi: dal vestito di cotone ai pensieri proibiti, dal sapore del tè alla malinconia della primavera. Voi, interamente voi. Come fare. Innanzitutto cominciare dal più urgente: non potete più continuare a uscire così, senz’ anima da indossare, senza sorriso in fondo agli occhi. Sì, proprio i vostri occhi. Parliamone. Riescono solo a piangere e quando non piangono, leggono e un giorno leggono una pagina di Rilke, poi un’altra, poi un’altra ancora e tutti gli uccelli dell’anima ritornano a voi quando aprite la voliera d’inchiostro. Il vostro suicidio era riuscito, come tutti i suicidi mancati. Avevate perduto molto più della vita: la parola, il sapore della parola chiara, l’amore della parola vera. Eravate davanti alla parola come un bambino malato davanti al cibo. Rilke vi ridà da mangiare, una poesia dopo l’altra, un’immagine dopo l’altra. Con la parola nuda ritorna la verità. Con la verità ritorna l’anima. Colei che vive questa storia desidera raccontarla – per ringraziare. Allora scrive una lunga lettera a Rilke, una lettera che inizia nella piccola cucina buia e termina in fondo al giardino sotto la luce dei tigli. Storia di una lenta rieducazione, storia di una lunga migrazione di uccelli morti. Ha l’abitudine di scrivere. Qualche anno prima ha scritto libri che hanno conosciuto il favore degli editori e dei lettori. Si nascondeva molto di più dietro a quei libri ma la storia era la stessa, quella di una risurrezione. Di una morte e poi di una risurrezione. Scrive come si deve scrivere: senza preoccuparsi della scrittura ma avendo la massima cura di ciò che non affiorerà mai sulla pagina bianca, di ciò che la minima parola spaventerebbe – la vita, la vita, interamente nuda, la vita senza frasi, la vita come due bambini piccoli, la gioia e il dolore stretti l’uno all’altro nello stesso letto. I dizionari dicono che Rilke è uno dei più grandi poeti di lingua tedesca. Lei non scrive secondo i dizionari. Non si rivolge a chi è morto ma a chi è vivo e cammina con passo esitante nelle vie delle grandi città. Il suo nome non è ancora stato iscritto nei dizionari. Il cuore non è ancora congelato nella gloria. E’ un passante come gli altri, nell’incertezza e nell’esitazione della vita. Di giorno dorme, il sonno comune dei lavori necessari. Di notte veglia, la veglia speciale in compagnia degli angeli. Quando scrive, non cerca la consolazione ma la verità – che è il contrario della consolazione. È a quest’uomo che lei parla. Cosa vuol dire “grande poeta”. Non vuole dire nulla, assolutamente nulla. L’unica grandezza di chi si nasconde per scrivere viene dalla perfetta sottomissione alla vita così com’è. Chi, per notti intere, cerca la parola giusta, non fa che sviluppare in sé l’attenzione che hanno gli amanti l’uno per l’altro, le madri per i loro figli. L’arte, il genio dell’arte è soltanto ciò che resta della vita amorosa che è la sola vita. Grande, poeta, letteratura: non vogliono dire nulla e lei ha scritto a Rilke come daremmo notizie a un amico d’infanzia rimasto al paese – l’amante di ogni vita, l’idiota di ogni villaggio. Gli parla del gas nella piccola cucina, della luce delle stagioni, della bontà dei grandi alberi e di ciò che crede essere amore – di ciò che inventa credendolo. Finito il manoscritto, lo invia agli editori e gli editori le dicono: la sua storia non interessa, non si sa come prenderla, dove collocarla. E poi di chi parla, esattamente, di Rilke o di lei. Scelga, è seccante vederla saltare qua e là, da una parola all’altra. Ci prova ancora. Due volte, tre volte la stessa risposta. Rinuncia. È quasi guarita. Quasi: nel dolore ha trovato il canto. La sofferenza si è riversata nel dono del libro, ma questo dono nessuno lo vuole. Trascorrono gli anni, cinque. Non ci pensa più, ci pensa ancora. Per vie strane, per altre mani diverse dalle sue, questo testo giunge fino a voi, un chiaro sabato d’autunno. La lettura di quel sabato impregna i giorni che seguono. Scrivete all’autrice, lei vi risponde. Le lettere conoscono lo stesso destino del manoscritto: una sola lettura basta a renderle indimenticabili. Sempre la stessa voce calma. Sempre l’assenza di menzogna. Non una volta fa sua la parola generica, la parola di nessun corpo, di nessuna terra che serve per le idee, che serve per la menzogna. Parla solo di sé nei dettagli delle proprie ore e vi fa vedere il mondo molto più chiaramente di quanto non facciano i giornalisti, impazienti nella voce, malati di intelligenza. Ciò che vi colpisce in quella scrittura, è ciò che vi colpisce nella compagnia dei bambini: una presenza vera di tutto, un modo di essere nel mondo che rende il mondo leggero. Un giorno vi scrive che il suo libro finalmente è accettato: sarà pubblicato lontano da lei, in Germania, in una lingua che ha sempre temuto, in una terra che non è quella dell’infanzia. Un altro giorno, mentre passate la mano su una tovaglia di cotone per togliere le pieghe, vi giunge luminosa, evidente, un’immagine di lei. Come se fosse tutta in questo gesto semplice: dispiegare. Cancellare tutte le pieghe e tornare al più ampio, all’ininterrotto, all’ampia e ininterrotta dolcezza di vivere. Restate così per molto tempo, immobile, silenzioso, la mano distesa sulla tovaglia, tenendo tra le dita e il cotone questo bene, il più prezioso: un’anima bruciata fino alla trasparenza, una storia che nessuno voleva.

Il racconto è tratto da Une petite robe de fete (1991). Nel 2008 è stato (finalmente!) pubblicato in Italia dalla casa editrice Camelopardus. Il titolo è Mille candele danzanti.

1 commento:

Anonimo ha detto...

ho sentito lorenzo gobbi parlare di questo racconto ad uomini e profeti. tutta la conversazione è stata una rivelazione, ma non vi annoio, vi chiedo: è il testo integrale del racconto?
grazie
mauro