giovedì 1 novembre 2007

VITA SOTTERRANEA (quinto racconto) di Christian Bobin da Une petite robe de fête (Mille candele danzanti)

Christian Bobin, Vie souterraine, nel suo vol. Une petite robe de fête, "Collection Folio" Gallimard, Paris 1991, pp. 57-64. Traduzione di Maddalena Cavalleri con la collaborazione di Lorenzo Gobbi. (Nel 2008 la casa editrice Camelopardus ha pubblicato il volume Une petite robe de fete battezzandolo con il titolo Mille candele danzanti). 
Qui il link della casa editrice http://www.camelopardus.it/


Elle écrit. Des carnets de toutes les couleurs. Des encres de tous les sangs. Elle écrit le soir, ce ne serait pas possible autrement. Après les courses, le bain donné à l’enfant, les leçons à faire réciter. Elle écrit sur la table desservie. Loin dans le soir. Tard dans la langue. Quand l’enfant l’abandonne pour la menue monnaie d’un sommeil, ou d’un jeu. Quand ceux qu’elle nourrit ne savent plus rien d’elle. Quand elle est à elle-même hors d’atteinte: seule devant la page. Misérable devant l’éternel. Beaucoup de femmes écrivent ainsi, dans leurs maisons gelées. Dans leur vie souterraine. Beaucoup qui ne publient pas. Ma vie me fait souffrir. Ma vie me tue le jour, la nuit je tue ma vie. J’attendais d’être reine. Je ne sais plus que mendier. Je voulais vivre de bel amour. Je meurs de sale blessure. Et pourtant je suis là: indemne. Je souffre de ma vie intacte dedans ma vie ruinée. Je meurs de trop de chant dans trop peu de feuillage. Elle va dedans sa vie comme une aveugle. Elle va dans l’écriture comme un printemps. De temps en temps elle vous montre un carnet. Chacune des phrases vous touche, comme au fleuret: leur pointe acérée pénètre à merveille dans vos yeux. Ce qui vous touche est un mystère. C’est là et c’est ailleurs. Un jour elle écrit. Un autre jour elle n’écrit plus. Ce deuxième jour dure des années. Ce temps est emmené par l’enfant dernier-né. Elle renverse le lait des encriers. Elle lange l’enfant dans les pages blanches. Elle lui cède toutes ses phrases. Il en fait des ombres chinoises, des cris, des rires. Il en fait n’importe quoi. Elle lui donne son bien le plus précieux – sa voix. Il en fait un jouet docile, merveilleusement souple. Elle s’attache à l’enfant de tout ce qu’elle lui donne: les carnets, la solitude, le silence. Tout. Elle contemple l’étendue chaque jour croissante des fatigues. Elle sourit. On pourrait même parler de bonheur. Une espèce singulière du bonheur. Une manière d’être heureuse qui n’empêche pas la souffrance, qui ne gêne pas le désespoir en cours. Un roseau sur le bord des eaux noires. Elle est dans le souci incessant de l’enfant, dans la veille insomniaque. Elle est dans ce souci pour tous ceux qui l’approchent. C’est une façon apprise dans l’enfance. C’est une nature seconde, plus forte que sa nature. C’est sa façon d’aimer, elle n’en connaît pas d’autre: d’un amour de pure perte. D’un amour survivant à toutes fins. D’un amour survivant à l’amour. L’enfant grandit, fortifié d’elle. Les premiers pas, les premiers mots. Les heures d’école. Alors elle revient aux carnets. Doucement d’abord. Comme à la dérobée. Fautive, furtive. Dans les premières pages, elle colle des photographies de l’enfant. Puis, un peu plus loin, des fragments de peinture. Avec parfois une phrase d’un livre aimé. Un galet dans l’eau vive des lectures. Les images se font plus rares. Les phrases s’agrandissent. Toujours des citations – qu’elle corrige quelquefois. Elle dit: rectifié. Ça, c’est du Paul Eluard rectifié. Et ça, de l’Apollinaire, rectifié aussi. Elle change un mot, exile une virgule pour atteindre à plus de fraîcheur. La convalescence se poursuit. La greffe prend bien. Elle renoue peu à peu avec sa voix, d’abord couverte par celle des autres. Enfin elle n’écrit plus qu’elle-même. Seule et chantante. Désespérée et riante. L’enfant sommeille dans la chambre à côté. L’enfant qui bientôt la quittera. L’amour qui nécessairement la tuera. Comme on rêve, elle écrit. Comme on rêve d’une vie d’autant plus vraie qu’elle manque, d’autant plus claire qu’elle brûle. L’enfant n’y entre pas dans cette vie, ni le mari, ni même soi. C’est une vie qu’on n’a pas, et pourtant c’est la seule. Elle écrit pour l’avoir. Elle écrit pour le pain quotidien, celui qui n’est jamais donné. Le pain de silence, la mie de lumière. Le blé de l’encre. On s’éprend de son style comme on pourrait s’éprendre d’elle. C’est la même chose. La même rivière sous la feuille blanche, sous la robe rouge. Elle est devant la langue comme devant le miroir des légendes. Dans l’enfance elle contemplait le ciel dans une flaque d’eau. Son cœur se prenait aux plus simples lumières. C’est cela qu’elle trouve dans l’écriture. C’est cela qu’elle trouve dans la lecture. Elle lit beaucoup, des romans. Les livres sont comme une eau de fontaine. Elle en approche son visage pour la rafraîchir. Il n’y a aucune différence entre la lecture et l’écriture. Celle qui lit est l’auteur de ce qu’elle lit. Parfois l’auteur est inégal, elle s’ennuie da sa propre lecture comme on dort d’un sommeil laborieux, épuisant. Comme elle est sage, comme ses parents ont mis en elle cette obéissance de sagesse, ce mensonge du devoir, elle va jusqu’au bout du livre, elle ne sait pas plus abandonner un mauvais livre qu’un mauvais mari. Tant pis elle reste, elle va jusqu’à la dernière page, jusqu’à la fin des temps. Le mari souvent s’étonne: encore un roman. Elle ne répond pas. D’ailleurs allez répondre à cette question: pourquoi tu lis des romans, pourquoi cette manie de bonne femme, ce temps gâché à lire. Qui entendrait la vraie réponse: je lis pour faire sa place à la douleur. Je lis pour voir, pour bien voir – mieux que dans la vie – l’étincelante douleur de vivre. Je ne lis pas pour être consolée, puisque je suis inconsolable. Je ne lis pas pour comprendre, puisqu’il n’y a rien à comprendre. Je lis pour voir la vie en souffrance dans ma vie – simplement voir. Oui, allez donc répondre ça. La douleur est dans la vie des femmes comme un chat qui se faufile entre leurs jambes quand elles repassent le linge, refont les lits, ouvrent les fenêtres, épluchent une pomme. Un chat qui parfois leur prend le cœur, l’envoie rouler à plusieurs mètres, le reprend dans ses griffes, en joue comme d’une souris mourante. Ce chat est dans la vie des femmes même quand il les laisse en paix. Elles savent qu’il est là, dans un coin. Elles ne l’oublient jamais. Jusque dans la joie elles l’entendent respirer, comme on perçoit le chant d’une source sous tous les bruits de la forêt. Les hommes ne laissent pas la souffrance séjourner en eux. À peine l’ont-ils devinée qu’ils l’expulsent en violence, en colère, en travaux. Les femmes, elles, la reçoivent comme un chat affamé qui a besoin, pour reprendre vie, de la détruire. Elles ne bougent pas. Elles laissent faire et, pour occuper ce temps mort des souffrances, elles ouvrent un livre, un roman, encore un roman. Ce qu’elles y trouvent, c’est ce qui est dans chacun de leurs jours: l’espérance et les ruines, l’inquiétude et la grâce, l’éternelle plaie de vivre, un chat miséreux, chassé de partout, recueilli là, endormi sur la page, les flancs maigres, un prince noir de douleur. Quand elle n’écrit pas dans les carnets, quand elle ne lit pas dans les miroirs, elle regarde les hommes qui l’approchent. Elle a pour eux des manières brûlantes et froides. Elle séduit sans connaître sa séduction, elle séduit en raison de cette méconnaissance. Elle est comme lasse de plaire, fatiguée de vous et d’elle-même et de tout: présente, elle est absente. Elle est dans l’ombre, retournée vers l’enfance. A vingt ans elle avait de longs cheveux noirs. Une rivière aux épaules. Une armure de douceur. C’est peut-être ça qu’elle recherche dans les carnets dormants: l’ancien visage, l’image ouverte. Un peigne de mots sur l’encre noire. C’est peut-être ça, ou autre chose. Et même rien. Il y a besoin de si peu, pour écrire. Il n’y a besoin que d’une vie pauvre, si pauvre que personne n’en veut et qu’elle trouve asile en dieu, ou dans les choses. Une abondance de rien. Une vie à l’inverse de celles qui sont perdues dans leur propre rumeur, pleines de bruits et de portes. On écrit mal avec de telles vies. Elles sont sans intérêt à dire. On ne peut bien voir que dans l’absence. On ne peut bien dire que dans le manque. On ne peut, pour voir le pur visage de la mendiante, que tourner les pages d’un carnet, regarder ces écritures qui s’entassent dans le soir: l’héritage fabuleux qui grandit dans le sommeil de l’enfant.

Scrive. Quaderni di ogni colore. Inchiostri di ogni sangue. Scrive di sera, non sarebbe possibile altrimenti. Dopo la spesa, il bagno del piccolo, le lezioni da far ripetere ad alta voce. Scrive sulla tavola sparecchiata. Lontano nella sera. Tardi nella parola. Quando il bambino l’abbandona per il minimo guadagno di un sonno o di un gioco. Quando coloro che nutre non sanno più nulla di lei. Quando è irraggiungibile persino a se stessa: sola davanti alla pagina. Insignificante davanti all’eterno. Molte donne scrivono così, nelle loro case gelate. Nella loro vita sotterranea. Molte che non pubblicano. La mia vita mi fa soffrire. Di giorno la mia vita mi uccide, di notte io uccido la mia vita. Mi aspettavo di essere regina. So solo mendicare. Volevo vivere di un amore puro. Muoio di una ferita sporca. Eppure sono qui: indenne. Soffro per la mia vita intatta dentro la mia vita in rovina. Muoio per la sovrabbondanza di canto tra le pochissime foglie. Procede nella sua vita come una cieca. Procede nella scrittura come una primavera. Di tanto in tanto, vi mostra un quaderno. Ciascuna delle frasi colpisce, come di fioretto: la punta affilata penetra negli occhi alla perfezione. Ciò che vi colpisce è un mistero. È là ed è altrove. Un giorno scrive. Un altro giorno non scrive più. Questo giorno dura anni. È l’ultimo nato a portare via questo tempo. Rovescia il latte dai calamai. Fascia il bambino nelle pagine bianche. Gli cede tutte le sue frasi e lui ne fa ombre cinesi, grida, risa: qualsiasi cosa. Gli dona il suo bene più prezioso: la voce - e lui ne fa un giocattolo docile, meravigliosamente malleabile. Si affeziona al bambino grazie a tutto ciò che gli dona: i quaderni, la solitudine, il silenzio. Tutto. Contempla la distesa delle fatiche che cresce di giorno in giorno. Sorride. Si potrebbe addirittura parlare di felicità. Una specie singolare di felicità. Una maniera di essere felice che non impedisce la sofferenza e non ostacola la disperazione che già c’è. Un giunco sulle rive di acque scure. Vive nell’incessante preoccupazione del figlio, nella veglia insonne. Per tutti coloro che l’avvicinano, lei vive in questa preoccupazione. L’ ha imparato da piccola. Una seconda natura, più forte della sua stessa natura. È il suo modo di amare, non ne conosce altri: un amore di pura perdita. Un amore che sopravvive ad ogni fine. Un amore che sopravvive all’amore. Il bambino diventa grande, si fortifica grazie a lei. I primi passi, le prime parole. Le ore di scuola. Allora ritorna ai suoi quaderni. Prima lentamente. Come di nascosto. Colpevole, furtiva. Nelle prime pagine, incolla fotografie del piccolo. Poi, un po’ più in là, frammenti di pittura. Vicino, a volte, una frase da un libro amato. Un ciottolo nell’acqua viva delle letture. Le immagini si fanno più rare. Le frasi diventano più grandi. Sempre citazioni – che a volte corregge. Scrive e modifica. Questo è Paul Eluard, modificato. E questo, Apollinaire: anche lui, modificato. Cambia una parola, esilia una virgola per raggiungere una freschezza più grande. La convalescenza va avanti. L’ innesto prende bene. Ritrova a poco a poco la sua voce, un tempo coperta dalle altre. Finalmente, è solo lei che scrive. Sola, canta. Disperata, ride. Il bambino dorme nella camera accanto. Il bambino che presto la lascerà. L’amore che inevitabilmente la ucciderà. Perché tutti sogniamo, lei scrive. Perché sogniamo una vita tanto più vera quanto più ci manca, tanto più chiara quanto più brucia. Il figlio non entra in questa vita, né il marito e nemmeno lei. È una vita che non si ha, eppure è la sola. Scrive per averla. Scrive per il pane quotidiano, quello che non viene mai donato. Il pane di silenzio, la mollica di luce. Il grano d’inchiostro. Ci innamoriamo del suo stile, come ci innamoreremmo di lei. È la stessa cosa. Lo stesso fiume sotto il foglio bianco, sotto il vestito rosso. Sta davanti alla parola come davanti allo specchio delle leggende. Nell’infanzia, contemplava il cielo in una pozzanghera d’acqua. Il suo cuore si lasciava catturare dalle luci più semplici. È questo che trova nella scrittura. È questo che trova nella lettura. Legge molto, romanzi. I libri sono come acqua di fontana. Avvicina il suo volto per rinfrescarlo. Non c’è alcuna differenza tra la lettura e la scrittura. Lei che legge è autore di ciò che legge. A volte l’autore è discontinuo: si stanca della sua lettura come quando si dorme di un sonno laborioso, estenuante. Siccome è saggia e i suoi genitori hanno posto in lei quest’obbedienza di saggezza, questa menzogna del dovere, va fino in fondo al libro: non sa lasciar lì un cattivo libro, più di quanto non sappia abbandonare un cattivo marito. Pazienza: resta, va fino all’ultima pagina, fino alla fine dei tempi. Il marito spesso si stupisce: ancora un romanzo. Lei non risponde. Del resto provate a rispondere a questa domanda: perché leggi dei romanzi, perché questa mania da donna, questo tempo sprecato a leggere. Chi saprebbe capire la vera risposta: leggo per far posto al dolore. Leggo per vedere, per vedere bene – meglio che nella vita – il dolore scintillante di vivere. Non leggo per essere consolata, perché sono inconsolabile. Non leggo per capire, perché non c’è niente da capire. Leggo per vedere la vita in sofferenza nella mia vita – semplicemente vedere. Si, provate dunque a rispondere a questo. Il dolore nella vita delle donne è come un gatto che si intrufola tra le gambe quando stirano la biancheria, rifanno i letti, aprono le finestre, sbucciano una mela. Un gatto che a volte prende il loro cuore, lo fa rotolare per parecchi metri, lo tiene tra gli artigli e ci gioca come fosse un topo che sta per morire. Questo gatto è nella vita delle donne anche quando le lascia in pace. Sanno che è là, in un angolo. Non lo dimenticano mai. Persino nella gioia lo sentono respirare, come si percepisce il canto di una sorgente sotto i rumori della foresta. Gli uomini non lasciano che la sofferenza dimori in loro. Non appena ne intuiscono la presenza, la espellono nella violenza, nella collera, nel lavoro. Le donne, loro, la ricevono come un gatto affamato che ha bisogno per riprendere a vivere di distruggerle. Non si muovono. Lasciano fare e, per occupare il tempo morto delle sofferenze, aprono un libro, un romanzo, ancora un romanzo. Ciò che vi trovano, è ciò che è in ciascuno dei loro giorni: la speranza e le macerie, l’inquietudine e la grazia, l’eterna piaga di vivere, un gatto misero, cacciato da ogni luogo, raccolto là, addormentato sulla pagina, i fianchi magri, un principe nero di dolore. Quando non scrive nei quaderni, quando non legge negli specchi, guarda gli uomini che le si avvicinano. Riserva loro maniere brucianti e fredde. Seduce senza conoscere la sua seduzione, seduce in ragione di questa non-conoscenza. È come stanca di piacere, stanca di voi, di sé e di tutto: presente, è assente. È nell’ombra, rivolta verso l’infanzia. A vent’anni portava lunghi capelli neri. Un fiume sulle spalle. Un’armatura di dolcezza. Forse è questo che cerca nei quaderni che dormono: l’antico volto, l’immagine aperta. Un pettine di parole sull’inchiostro nero. Forse è questo, o qualcos’altro. E anche nulla. C’è bisogno di così poco, per scrivere. C’è solo bisogno di una vita povera, così povera da non interessare a nessuno, che trova asilo in dio o nelle cose. Un’abbondanza di nulla. Una vita contraria a quelle che sono perdute nel loro stesso frastuono, piene di rumori e di porte. Si scrive male con vite simili. Non c’è nulla di interessante da raccontare. Si può vedere bene, solo nell’assenza. Si può parlare bene, solo nella mancanza. Si può, per vedere il volto puro della mendicante, solamente voltare le pagine di un quaderno, guardare queste scritture che si ammassano la sera: l’eredità favolosa che cresce nel sonno del bambino.

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