giovedì 1 novembre 2007

LO SCRITTORE (primo racconto) di Christian Bobin da La parte mancante


Christian Bobin, L'écrivain, nel suo vol. La part manquante, "Collection Folio" Gallimard, Paris 1989, pp. 93-99.
Traduzione di Maddalena Cavalleri con la collaborazione di Lorenzo Gobbi.

Il arrive par le train. Il emmène avec lui quelques textes, dans un cartable d’écolier. La lecture est prévue dans un petit théâtre. Il ne monte pas sur la scène. Il se tient debout, dans la première rangée de chaises. Vous êtes assis près de lui. Vous regardez le corps nonchalant, le visage rugueux, tempéré par les mots. À certains moments de la lecture vous ne le voyez plus. Vous ne voyez plus qu’une parole lumineuse. D’autres fois c’est l’inverse. La présence silencieuse recouvre tous les mots. La présence immédiate de chair, de souffle et de fatigue. Le poids de l’ombre. Il a des vêtements simples comme quand on reste chez soi, comme quand plus personne n’est là pour dire à l’enfant de soigner son image, de faire briller son nom. Mais enfin tu ne vas pas sortir comme ça. Il est donc venu comme ça de son enfance, jusqu’à ce soir. Négligé dans sa tenue, précis dans son regard. Les choses qu’il écrit sont fragiles. Il les porte doucement dans le clair de sa voix. De temps en temps il s’interrompt. Il regarde autour de lui. Il y a là moins de vingt personnes. Il est là très près du dérisoire, de la pensée d’une fatigue, d’une pensée fatiguée. Il est là très près de l’essentiel, de cette chose évidente jamais dite pour elle-même: la solitude de toute parole, l’éphémère de toute beauté. Parfois la beauté illumine une voix. La simple beauté de chaque jour dans la vie. Elle éclaire le sang. Elle fait des mots une seule flambée puis s’effondre aussitôt dans le monde - comme un météore sur des terres froides, inhabitées. Et tout est à reprendre. Et tout est à refaire. Il parle doucement. Il a cette courtoisie des contemplatifs, cette douceur farouche de ceux qui n’en ont jamais fait qu’à leur guise, que suivant une pensée d’eux-mêmes dans leurs jours, une pensée non apprise, solitaire. Sa violence est endormie dans sa voix. Elle remue légèrement sous les mots. Sa violence est à ses cotés, comme un enfant que l’on fait patienter près de soi. Il a cinquante ans. C’est l’âge où un homme entreprend l’inventaire de ses biens. C’est quoi, réussir sa vie. Ce qu’on gagne dans le monde, on le perd dans sa vie. Lui, il n’a rien. Il joue depuis l’enfance, sans gains ni pertes. Il élève des cubes de silence sur la page. Il bâtit des châteaux de lumière, il contemple des lézards d’encre bleue. C’est quoi, réussir sa vie, sinon cela, cet entêtement d’une enfance, cette fidélité simple : ne jamais aller plus loin que ce qui vous enchante à ce jour, à cette heure. Emprunter ce chemin qu’on ne suit qu’à s’y perdre. Il n’y a pas d’apprentissage de la vie. Il n’y a pas plus d’apprentissage de la vie que d’expérience de la mort. La rupture avec soi est le plus court chemin pour aller à soi. La rupture avec le tout du monde et de l’âge. À l’école on apprend à s’asseoir sur un banc. Celui-ci ou celui-là. On apprend à obéir pour la suite de sa vie au rang gagné, à la place attribuée dans l’enfance. L’écrivain, c’est celui qui ne gagne aucune place – pas même la dernière. Celui qui se tient comme ça, debout, dans un rang de chaises vides. À nommer le feu d’une voix glacée. Quand c’est fini, quand une fois il a lu au désert, souri dans le vide, vous le quittez sans une parole. Vous emmenez avec vous quelques mots à lui dire, que vous ne trouvez pas. Ce qui vous a touché ce soir-là demeure longtemps hors d’atteinte. En le cherchant vous rendez impossible de le trouver. Vous avez besoin d’un oubli pour l’atteindre. Vous avez besoin de la nuit pour y voir. Ce n’est qu’au terme de plusieurs mois que vous découvrez la vérité de ce soir-là. La vérité de dire, comme celle de taire. La vérité est devant vous, dans le sous-sol d’une maison de retraite. En haut se trouvent les cuisines. Des tuyaux percent le plafond. Un jour gris entre par une petite fenêtre. La vérité est sur des tréteaux dans un cercueil encore ouvert. La vérité a le visage d’un mort. C’est un visage retourné comme un gant. Un visage sans dedans ni dehors. Un mort c’est comme personne. Un mort c’est comme tout le monde. Tout va vers ce visage, comme vers sa perfection. La peur, l’attente, la colère, l’espérance de l’amour et les soucis d’argent, tout va vers ce visage comme vers un dernier mot. Le mort se tait pour dire en une seule fois. Le mort dit vrai en ne disant plus et si, sur lui, l’on jette tant de silence, c’est pour ne rien entendre. Vous regardez. Vous pensez à cette phrase lue l’autre soir par l’écrivain: à mon age, je paye pour chaque mot. Il y a très peu de différence entre mourir et écrire . Il y a si peu de différence que, pendant un instant, vous n’en découvrez plus aucune. L’écrivain c’est l’état indifférencié de la personne, la nudité indifférente de l’âme. De l’âme comme regard. De l’âme comme absence. Celui qui écrit s’en va plus loin que soi. Il avance à pas de neige. Il parle à mots de loup. Il va vers la parole faible. Il va vers la parole nue, retournée comme un gant. Il éclaire en parlant sa propre absence. Derrière nous se tient un ange. Il est né avec notre naissance. Il grandit et s’épuise avec nous. Au début c’est un jeune homme, presque un enfant. Bientôt c’est un adulte, quelqu’un qui cherche à économiser son souffle. Il tient une hache dans ses mains. Il attend. Jour et nuit, sans murmurer le moindre reproche, sans formuler aucun souhait, il attend. Il ne nous oublie jamais. Le sommeil ni l’amour ne le distraient. Une telle présence, sans défaut. Une telle fidélité, sans amour. Écrire c’est faire retentir sur la neige chaque pas de l’ange. Écrire c’est par instants se retourner, et voir l’éclair de la hache haut levée, d’un seul coup la fin de l’énigme.


Arriva in treno. Porta con sé alcuni testi, in una cartella di scolaro. La lettura è prevista in un piccolo teatro. Non sale sulla scena. Resta in piedi, tra le sedie della prima fila. Siete seduti vicino a lui. Lo guardate: il corpo indolente, il viso rugoso, addolcito dalle parole. In certi momenti, mentre legge, non lo vedete più. Vedete soltanto una parola luminosa. Altre volte, è il contrario. La presenza silenziosa copre le parole. La presenza immediata di carne, di respiro e di fatica. Il peso dell’ombra. Indossa vestiti semplici, come quando si resta a casa e più nessuno è lì per dire a un bimbo di prendersi cura della propria immagine e dare luce al proprio nome. Ma dai, non vorrai mica uscire così. Eh, sì: dall’infanzia fino a questa sera, è giunto così. Trascurato nel vestire, preciso nello sguardo. Le cose che scrive sono fragili. Piano piano le porta nel chiaro della voce. Di tanto in tanto si interrompe. Guarda attorno a sé. Ci sono meno di venti persone. È molto vicino all’irrisorio, al pensiero di una fatica, a un pensiero affaticato. È molto vicino all’esenziale, a questa cosa evidente mai detta per se stessa: la solitudine di ogni parola, l’effimero di ogni bellezza. A volte, la bellezza illumina una voce. La semplice bellezza di ciascun giorno nella vita. Rischiara il sangue. Fa delle parole una sola fiammata per frantumarsi subito nel mondo – come una meteora su terre fredde, inabitate. E tutto è da riprendere. E tutto è da rifare. Parla piano. Ha la cortesia dei contemplativi, la dolcezza scontrosa di coloro che hanno sempre fatto di testa propria, seguendo un pensiero tutto loro giorno dopo giorno, un pensiero non appreso, solitario. Ciò che esiste di violento in lui è assopito nella voce. Si agita appena sotto le parole. Se ne sta lì, come un bimbo che attenda con pazienza vicino a noi. Ha cinquant’anni. È l’età in cui un uomo inizia l’inventario dei propri beni. Cos’è, riuscire nella vita. Ciò che guadagniamo nel mondo, lo perdiamo nella vita. Lui, non ha nulla. Gioca sin dall’infanzia, senza vincite né perdite. Innalza cubi di silenzio sulla pagina. Costruisce castelli di luce, contempla lucertole d’inchiostro blu. Cos’è riuscire nella vita se non questa caparbietà d’infanzia, questa fedeltà semplice: mai andare oltre ciò che ci incanta nel giorno, nell’ora. Fare propria questa strada, fin là dove ci si perde. Non c’è un modo di imparare a vivere. Non c’è un modo di imparare a vivere se non nell’esperienza della morte. La rottura con se stessi è la strada più breve per giungere a se stessi. La rottura con tutto ciò che esiste e con le sue diverse età. A scuola impariamo a sederci in un banco. Questo o quello. Impariamo a obbedire per il resto della nostra vita alla fila guadagnata, al posto attribuito nell’infanzia. Lo scrittore è colui che non guadagna alcun posto – nemmeno l’ultimo. Colui che resta in piedi, così, in una fila di sedie vuote. A nominare il fuoco con voce raggelata. Alla fine, dopo che ha letto al deserto, sorriso nel vuoto, lo lasciate senza una parola. Portate con voi qualche parola da dirgli, che non trovate. Ciò che vi ha colpito in quella sera rimane in voi a lungo, irraggiungibile. Cercandolo, fate sì che sia impossibile trovarlo. Avete bisogno di un oblio, per raggiungerlo. Avete bisogno della notte per vederci. Soltanto alla fine di molti mesi scoprite la verità di quella sera. La verità di dire, come quella di tacere. La verità è davanti a voi, nel seminterrato di una casa di riposo. In alto, si trovano le cucine. Dei tubi traforano il soffitto. Un giorno grigio entra da una piccola finestra. La verità è su dei cavalletti, in una bara ancora aperta. La verità ha il viso di un morto. E’ un viso tramutato. Un viso senza il dentro né il fuori. Un morto è come nessuno. Un morto è come tutti. Tutto va verso quel viso come verso la propria perfezione. La paura, l’attesa, la collera, la speranza dell’amore e la preoccupazione del denaro, tutto va verso quel viso come verso un’ultima parola. Il morto tace per dire in una sola volta. Il morto dice il vero non dicendo più: se lo avvolgiamo di un silenzio così vasto, è per non sentire nulla. Voi guardate. Pensate alla frase letta l’altra sera dallo scrittore: alla mia età, pago per ogni parola. C’è pochissima differenza tra morire e scrivere. C’è così poca differenza che, per un istante, non ne scoprite più alcuna. Lo scrittore è lo stato indifferenziato della persona, la nudità indifferente dell’anima. Dell’anima come sguardo. Dell’anima come assenza. Colui che scrive va oltre se stesso. Viene avanti a passo di neve. Parla con parole di lupo. Va verso la parola debole. Va verso la parola nuda, tramutata. Parlando, rischiara la propria assenza. Dietro di noi, un angelo. È nato con la nostra nascita. Cresce e viene meno con noi. All’inizio è un ragazzo, quasi un bambino. Presto è un adulto, qualcuno che si sforza di risparmiare il fiato. Tiene una scure nelle mani. Attende. Giorno e notte, senza sussurrare il minimo rimprovero, senza formulare alcun augurio, attende. Non si dimentica mai di noi. Né il sonno né l’amore lo distraggono. La sua presenza: senza imperfezione. La sua fedeltà: senza amore. Scrivere è far risuonare sulla neve ogni passo dell’angelo. Scrivere è, a tratti, voltarsi indietro, e vedere il bagliore della scure sollevata in alto, d’un colpo solo la fine dell’enigma.

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